Bientôt une piscine vache près de chez vous

 


Douze piscines à vache, en France. C'est trop peu. Les vaches sont sauvées au compte gouttes. Alors que cette technique de relevage en douceur pourrait profiter à tous tes éleveurs et à toutes tes vaches. Heureusement des éleveurs et des prestataires de services se mobilisent

 


La vache est debout, en apesanteur; portée par l'eau, baignée d'une douce chaleur Calme et détendue, elle retrouve Sa dignité de vache, comme on aime les voir La tête droite. Les oreilles fièrement dressées. Puis, elle boit un coup, se décontracte, se soulage, retrouve un regard vif et un appétit de loup. La vie reprend le dessus. L'espoir renaît, alors qu'elle était bien incapable de se relever, il y a quelques minutes encore, pétrie de douleur et de frayeur Sans la piscine, notre vache était condamnée. Ce sauvetage en douceur; on le doit à un pédicure bovin, Dominique Bernier; précurseur de la méthode en France. La première piscine a débarqué chez lui en 111e-et-Vilaine dès 1995. On en compte six dans le département, aujourd'hui. Et, six autres à travers le pays. Douze piscines pour la France entière, c'est une goutte d'eau. Mais douze unités, ce n'est plus anecdotique. Et, les piscines à vache font leurs grands débuts en Loire-Atlantique, dans la Loire, les Pyrénées Atlantique, l'Orne, le Morbihan... Avant que cette première vague n'inspire d'autres projets. Car même Si la logistique est parfois lourde et l'investissement conséquent, les bonnes volontés et les bonnes idées ne manquent pas, pour avoir une piscine à vache près de chez soi, par le biais de prestataires de service, de cuma ou d'un achat en co-propriété.

Ainsi la première piscine en Cuma a vu le jour en Loire-Atlantique en octobre 1999. Le déclic est venu d'une démonstration en situation réelle, chez Jean-Luc Saffré, président de la Cuma de l’avenir “ il faut l'avoir vécu, Pour en Etre convaincu. Dominique Bemier a accepté de se déplacer jusque chez nous. Ce jour-là, tous les administrateurs étaient présents...” Un vrai pari, en réalité, car la vache était couchée depuis trois jours, suite à une fièvre de lait. Trois jours, c'est trop. Les chances de réussite étaient bien compromises, et l’animal s’affaiblissait rapidement.

“ Et, pourtant, l'intervention s'est conclue par un succès. La vache a été remise sur
pieds ”. Depuis, la piscine a accompli une trentaine de sorties. “ Nous là laissons partir en inter-cuma ”. En dehors de ses heures de service, elle retourne dans le hangar coopératif, avec sa remorque, la tonne, la pompe, la chaudière... L'eau est chauffée sur place (3000 litres à40°C Les salariés de la Cuma n’hésitent pas à donner quelques conseils. il suffit de venir avec son tracteur pour emmener le matériel. La limite n'est plus que d’ordre géographique, en gardant des distances raisonnables pour un trajet en tracteur.
Dans la Loire, le rayon d'action de la piscine tourne ainsi à l’échelle des cantons de Saint Germain-les lava1 et de Saint-Just en Chevalet. Elle est arrivée au sein de la Cuma Vrac des Monts de la Madeleine, en septembre 2000. De nombreux partenaires ont collaboré à ce projet : les éleveurs, les sections GDS, les vétérinaires, la Chambre d'Agriculture via le comité de développement local. “ Le financement repose sur une cotisation de 40centimes par bovin, sur des aides de l’union EU et du Conseil Régional dans le cadre des Cuma ” détaille le conseiller Michel Patin. Sans oublier l’aide de chacun, comme celle de Jean Danton, un agriculteur retraité qui a accepté d'accueillir le quartier général. La piscine reste chez lui, à disposition. L’éleveur qui en a besoin vient la chercher; sur présentation d'une ordonnance vétérinaire. Il repart avec tout le matériel qu'il faut.


Premiers secours
Les résultats seront d'autant plus spectaculaires que la vache sera baignée dans les 24 heures. La piscine à vache n'est pas le dernier recours. Elle se substitue aux méthodes habituelles de relevage par pince et tracteur, avec des avantages incomparables.
•.. petit bidon de désinfectant, pour rendre la cuve propre et nette. Ici, la chaudière est embarquée. Elle accompagne la tonne. Le remplissage et le chauffage de l’eau se font à la maison.
Dans les Pyrénées Atlantiques, autour d'Oléron, c'est une organisation a peu près identique qui vient d'être mise en place l’arrivée de la piscine est pour très bientôt. “ Elle sera basée à la coopérative agricole d'Oloron, accessible à tous les éleveurs, adhérents ou non, sur un rayon de 25km. l'éleveur viendra là chercher lui-même, sous l’autorité du groupement vétérinaire ”, explique Robert Cauhapé, producteur de lait, parmi les initiateurs du projet

Une piscine en co-propriété,
pour 80 F/VL

Dans l’Orne, enfin, vingt-quatre éleveurs n'ont pas hésité à investir en copropriété. La piscine est arrivée en octobre 2000, stationnée à l'Earl du Domaine. Les copropriétaires sont éparpillés sur trois communes, dans un rayon d'une quinzaine de kilomètres, pour un cheptel total de 1250 vaches laitières. Ici, l’investissement a été divisé par le nombre de vaches, soit un montant de 80 FNL en guise d'assurance complémentaire. “ Une vache sauvée et l'investissement est rentabilisé”. En multipliant ces 80F par 1250, vous obtenez le coût de l'équipement complet :
100 000 F environ , dont 40 000 F pour la piscine, 20000 F pour la tonne, autant pour la remorque et pour la chaudière. A l'échelle d’une Cuma, l’investissement est le même. Par contre, la mise à disposition est facturée d'un montant de 500F à 700E Tout dépend Si les frais, eau et chauffage, sont à la charge de la Cuma. Tout dépend du nombre d'interventions annuelles. A titre d'exemple, avec “lO0 000 F amortissable sur •.•

8 ans et sur 25 interventions par an ”, vous obtenez un forfait de 500 F par vache. A l'échelle d'un indépendant enfin, aussi bien l'investissement que les tarif ne sont plus les mêmes. Si vous souhaitez devenir prestataire de service, il vous faudra un 4 x 4, un permis E et parfois même plusieurs piscines pour répondre à la demande. Compter une bonne quinzaine d'heures, pour toute la durée de l'intervention, transport, préparatifs et bain compris. Parfois, un deuxième, voir un troisième bain sont nécessaires. Si bien que le temps d'immobilisation de la piscine est supérieur à400heures, dans le cadre d'une vingtaine de sorties annuelles. A ce jour, trois pédicures bovins proposent ce service en Ille et Vilaine: Dominique Bernier; basé à Saint-Sauveur des Landes, Raymond Martin près de la Guerche de Bretagne et Jean-François Faisant à Melesse.

Tous trois ont déjà relevé et sauvé des centaines de vaches, au service d'une clientèle qu'ils connaissent bien, dans le cadre d'un travail en confiance avec les éleveurs et les vétérinaires. Leurs tarifs tournent autour de 1400 F; pour une intervention clé en main, avec un rayon d'action qui ne peut dépasser 50 km. l’éleveur n'a plus à s'occuper de rien, sauf s'il choisit la formule d'une location. C'est parfois possible, pour 850 F environ.
Dans tous les cas si vous souhaitez vous lancer dans l’aventure, sachez que l’activité n'est pas assez rémunératrice, pour en vivre exclusivement. C'est un complément Ainsi, l'agriculteur Thierry Levilloux, se lance en diversification. Son exploitation, la Scea de Maufrray, est à Carentoir, dans le sud du Morbihan.
Voilà comment vous bénéficierez bientôt peut-être d'une piscine près de chez vous. Pour relever des vaches sans douleur et pour les sauver; après une fièvre de lait, un vêlage difficile, une glissade, un accident de logettes...


QUESTIONS A

Dominique Bernier
“ Agir dansles 24 heures ”

PLM - La première piscine à vache est arrivée chez vous, il y a cinq ans... Vous avez relevé et sauvé combien de vaches depuis?
Dominique Bernier- Sur 550 interventions, nous avons, avec mon équipe sauvé 320 vaches. Un tiers des appels font suite à des vêlages difficiles; un tiers à des “ fièvres de lait ”; un tiers à problèmes divers: mammite collibacillaire, chocs, stress, accident sur le béton ou dans les logettes...

Comment expliquer Les échecs?
Pour une bonne part, l'intervention a été trop tardive. Une vache qui reste couchée plus de
24 heures est en danger Pour plusieurs raisons et notamment parce qu'elle va multiplier les tentatives pour se relever, au risque de lésions musculaires aggravées.
je préfère intervenir sur une vache calme, plutôt que sur une bête nerveuse qui a beaucoup tenté de se lever en vain où que l’on a essayé de lever: il y aura échec également, en présence de lésions profondes, de fractures, de certaines maladies. Quand une vache reste couchée sur le même côté, ce n'est pas bon signe.
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Refusez-vous d'intervenir
parfois , car vous considérez qu'il est trop tard?
Oui, lorsque l’éleveur m'explique que sa vache a “presque réussi se lever là veille ou l'avant-veille, mais qu'aujourd'hui, elle n'a plus de tonus. ” C'est mauvais signe. La vache s'est détruite.

Quelles sont les plus grandes chances de succès?
après une fièvre de lait et sur avis du vétérinaire, quand la vache est mise en piscine dans les 24 heures, on a mis toutes les chances de son côté.
Couchée plus de 24 heures, une vache est en danger. La
bête est d'abord retournée sur un tapis, en guise de brancard, avant d'être tirée dans la piscine. Le matin, le vétérinaire est venu faire un diagnostic. La vache ne souffre pas de fracture, La calcémie est normale... C'est le début d'un sauvetage en douceur et sans douleur;
La vache va etre soulevée
soulagée par 3000 titres d'eau. Les parois avant et arrière de la cuve sont amovibles. Seule précaution en phase de remplissage: tenir la tête de la vache au-dessus de l’eau. Une telle intervention peut se dérouler n'importe ou. Y compris dans la prairie... La piscine est montée sur roue, pour un rapatriement sur l'exploitation.
Sept heures de bain,pour récupérer
C'est fait La vache est en apesanteur, dans ce bain d'eau chaude à 40 0C. Tous ses muscles se détendent. Elle retrouve
une bonne circulation sanguine, reprend des forces. Le bain va durer sept heures. Le temps de récupérer; L'eau qui se refroidit raffermi les muscles. En fin de séance, la piscine est vidée lentement. La bête reste debout encore convalescente, mais remise sur pieds.

Combien çacoûte?
40000 F pour une piscine.
20000 F pour la tonne de 3000 litres, autant pour la chaudière et la remorque.
L'investissement est à la portée de Cuma, de groupes, de prestataires de services.
Ces piscines du nom “d’Aqua Cow ” viennent du Danemark.
Contact: Dominique Bernier: 0299988751

MARC JUAN

PLM. février 2001

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